dimanche 2 novembre 2014

Je me pacifie avec mon histoire...

J'ai le sentiment d'être tiraillée entre deux mondes. Celui où mes parents se sont battus pour y entrer et m'y faire rentrer, celui des intellectuels qui gagnent bien leur vie dans un monde qui manie de l'argent virtuel...et celui dont sont issus mes parents, un monde ouvrier et paysan qui utilisait ses mains et son bon sens...

Mon propos n'est pas d'en idéaliser l'un par rapport à l'autre, mais de mettre des mots sur mes tiraillements intérieurs et d'en comprendre le sens. Mes parents ont souffert de la pauvreté et grâce à eux, je n'ai pas souffert de manque matériel. 

Par contre, étant focalisés, de par leur histoire, sur cela, ils ont oublié de nous transmettre la richesse, les leçons et le ressourcement que la nature nous donne. Je le retrouve intuitivement qu'aujourd'hui, mais je me trouve une handicapée de tout ce qui est manuel, ne sachant pas comment m'y connecter et utiliser mes mains autrement que pour accompagner mon intellect...

Un homme comme Pierre Rabhi, m'interpelle profondément, me permettant de m'interroger sur le sens de ma vie citadine, déconnectée de la terre et de ses richesses...

Les Cévennes, où il s'est installé avec sa famille en 1961, est un lieu cher à mon coeur, car j'en suis en partie originaire, du côté de ma mère. J'y ai passé tous mes étés durant mon enfance, mon adolescence et le début de l'âge adulte. C'était un lieu où je pouvais me retrouver, et où la pression et les attentes de mes parents s'assouplissaient un temps, et ce lieu me permettait de respirer un peu.

La beauté de la nature m'échappait, mais je garde l'odeur des cèpes, les enjambements d'une barre à l'autre que nous parcourions, les chapeaux que nous confectionnions avec des feuilles de châtaignier et des aiguilles de pins, les aubergines frites et les tomates savoureuses, l'île flottante de ma grand-mère et le truc pour la secouer quand elle avait "broussé" (fait des grumeaux en provençal), nos parties de rami, la rivière où je retrouvais la liberté de me mouvoir dans une eau claire qui nous rafraîchissait, le temps de la sieste où le village s'assoupissait derrière les volets fermés des maisons pour garder la fraîcheur que nous donnaient les murs épais, les interpellations d'une maison à l'autre...

Tout cela est bien présent dans ma mémoire, et il m'a fallu aller loin pour le recontacter...

Je me sens souvent en décalage. C'est là que je dois être vigilante à ne pas me juger trop sévèrement, car je sais que je fais comme je peux, et à ne pas projeter sur l'autre les jugements qui viennent me parler de ce décalage...

Intellectuelle Bibi ou paysanne Bibi fière des deux parties de moi qui parlent de Lady Bibi celle qui cherche comment unifier encore et toujours...




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